LYCÉE CALMETTE

Le lycée Calmette a cent trente-cinq ans !
Son évocation nous transporte à l’époque des jeunes filles en blouse, col blanc et bottines à boutons.

Le lycée de jeunes filles, tel fut son unique appellation jusque dans les années 50 où il devient Albert Calmette, est le premier établissement public de la ville consacré à l’enseignement des jeunes filles.

Auparavant, seules quelques rares écoles religieuses apprenaient aux filles de bonne famille les rudiments d’une éducation mêlant le latin et l’art de la couture.

Tout changea avec le rattachement à la France.

Sous le second Empire, Victor Duruy le ministre de l’Instruction Publique, veut fonder un enseignement secondaire féminin.

Proposition qui se heurte à l’Eglise qui voit lui échapper un domaine qui jusqu’alors lui appartenait.
Duruy ne s’en cache pas, il tient à arracher les filles des classes dirigeantes à l’influence d’éducateurs qui n’étaient plus de leur temps.
L’idée sera reprise après la chute de l’Empire par la République et son ministre Camille Sée.

Aussitôt la loi votée une centaine de villes dont Nice postulent pour un lycée.

La municipalité du maire Borriglione trouve un terrain situé dans le quartier dit « de Beaulieu », le long de l’avenue du même nom (aujourd’hui Maréchal Foch).
Un quartier tout neuf : la rue Lépante a été ouverte en 1880, les rues Pertinax, Assalit, de Paris en 1881, les rues Lamartine et Provana en 1884.
Les travaux, sous la direction de l’architecte François Aune, débutent en 1883 et, le 10 octobre 1887, les premiers élèves font leur entrée dans le bâtiment tout neuf.

Il ne s’agit pas encore de concurrencer les garçons, d’ailleurs les études ne sont pas sanctionnées par le baccalauréat, mais par un diplôme spécial de fin d’études secondaires.



En 1905, le lycée s’agrandit en achetant la villa du propriétaire sur lequel est édifié l’établissement, M. Meynell.
Quelques années plus tard, ce sera le tour de la villa Ricca qui donne sur la place Sasserno.
Ces deux villas seront détruites dans les années 60 et remplacées par des bâtiments modernes.
Nous sommes déjà à l’époque qui suit la première guerre mondiale.
Les blouses noires cèdent la place aux blouses de couleur, beiges, bleues, voire roses.

À l’intérieur de l’établissement, la discipline est stricte.
Les professeurs ?
Ce sont tous des « soldats » de l’enseignement, pour qui la vertu du savoir ne faisait aucun doute.



La guerre. Celle de 40, suivie de l’occupation.
C’est l’époque où le lycée se vide de ses élèves juives.
Parmi ces dernières, Simone Jacob, plus connu aujourd’hui sous le nom de Simone Veil.

Simone Jacob venait de passer les épreuves du baccalauréat quand, le 30 mars 1944, elle est arrêtée lors d’un contrôle dans la rue.
Mais contrairement aux légendes, les Allemands n’ont effectué aucune rafle à l’intérieur du lycée.
Le grand bouleversement vint avec les évènements de 1968.
Ils sont 33 jeunes garçons à pénétrer dans la cour du lycée en ce mois de septembre 1969 : 33 sur 2039 filles !

Le lycée Calmette est devenu mixte…

1941-42 – Classe de 2° AA’1 avec Simone Veil-Jacob en haut à gauche

Sources notoires pour l’écriture de cet article : Centre du Patrimoine – Sus lu barri, Roger Isnard – Nice Quartier, Editions Mercure…

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